MINES ET FORGES

Propriétaires en 1790
Pendant les XVIème et XVIIème siècles, un nombre considérable de concessions et de privilèges furent accordés aux prospecteurs dans la région de Batère. Ainsi à la veille de la Révolution, les divers propriétaires sont
héritiers de Jacques Pons et à Jean Vilanova et Delaris Al mener de dalt et Bernado
Louis Costa-Serradell Aïgues Blanques
Michel Caballer-Descatllar, d’Ille. Las Canals
Joseph Daunis, de St Laurent La Droguera
Companyo et Marrot, de Céret, et Pierre Ponsich, de St Laurent Al mener d’en Marti et la Torre
la marguillerie de St Pierre d’Arles Al mener de San Pere
Abdon de Noell, de St Laurent de Cerdans. Al Pou
héritiers de Mme de Vinezac Las Indis et Rocas Negras
marquis de Montferrer Une minière non exploitée
Remarque : selon certains auteurs le nom de Indi aurait été donné parce qu’un métal, proche du zinc, découvert en Allemagne en 1863, a les bandes de son spectre qui se situent dans la zone du bleu d’Inde. Or, le nom, Indi, existait déjà avant la Révolution

Exploitation
L’exploitation en est au stade artisanal, soit en carrières à ciel ouvert ( appelées minières), soit en galeries. La production est réduite, limitée aux blocs qui pouvaient être seuls traités dans les forges. Lorsque l’on travaillait en galeries, l’évacuation à l’extérieur des minerais se faisait au moyen de corbeilles en osier. Puis les produits étaient acheminés jusqu’aux forges pars les muletiers.
L’exploitation des mines se fait par les mineurs ( appelés aussi minerons) qui achètent une concession au propriétaire, souvent avec un maréchal-ferrant. Le minerai parait être leur propriété : ainsi lors de l’inventaire de la forge de Corsavy , en 1795, « les divers matériaux qui s’y trouvent appartiennent à Pierre Marcé, Jean Gursa, Jean Anglade, sauveur Marcé, Sébastien Tubert, Martin Janotet, Raphaël Sirera, Jacques Paillissé, Jacques Llori, ( 437 charges de charbon et 682 charges de mine de fer) » ( Vilanova et Darguines, maire)
En 1791, Antoine Vile, maréchal, et Jacques Llori, mineron, ne peuvent se mettre d’accord au sujet de la réduction des comptes d’un minier qu’ils ont pour moitié chacun.

Cette exploitation, quoique artisanale, ne va pas sans danger. Ainsi en l’an 9 (1801)
Martin Mias, mineur, âgé de 27 ans, époux de Marianne Calvet, décède à la minière du Pou : « un gros roch l’a crevé, et on l’a transporté mort à la maison » ( Jean Vilanova, maire)
Et en 1805
« Jacques Parer, 27 ans, mineron, et Jean Vidal, 29 ans, mineron, tous les deux de Corsavy, nous ont déclaré que le 16 messidor de l’an 13 de la République, travaillant dans une même minière dite des Canals à Batère, Jean Gource, 30 ans, natif de Corsavy, marié avec Marie-Angélique Ortet, fils de Jean Gource et de Catherine Puigségur, défunts, était décédé ce jour d’une mort violente de disgrâce. Il exploitait la mine avec les dits déclarants et autres minerons ensemble, lorsque est descendu un gros roc de mine, et autres roches d’anechs et terre, qui l’a brisé de tout son corps. Plus de 20 minerons ont été obligés de couper ce grand roc de dessus son corps pour pouvoir l’en sortir. Puis, après on l’a porté en son domicile, dans la maison dite Case d’en Benture, rue du portal.
Les déclarants ont dit ne savoir signer » (Sauveur Marcé, maire)

Parfois, le mauvais temps est aussi à l’origine de drames
« François Poch, 26 ans, mineron, et François Delclos, 23 ans, mineron, compagnons du défunt, nous ont déclaré que François Ciréra, âgé de 33 ans, mineron, né et domicilié à Corsavy, fils des défunts Raphaël Cirera et de Thérèse Ciréra née Darné, est décédé le 17 février 1810, vers 1 heure du soir, à la montagne de Batère au minier des Indis.
Ils étaient huit compagnons qui, le samedi soir, s’apprêtaient à regagner leur domicile au village de Corsavy. Les deux premiers, qui sortirent de la baraque du dit minier, arrivèrent au village, massacrés d’un vent très fort et de tourbillons de neige. Le troisième, François Ciréra, parti de la dite baraque, a péri par un coup de vent qui l’a frappé à un rocher, joint avec le tourbillon et un froid excessif ; il est mort sur le coup
Les déclarants, François Poch et François Delclos, ont dit ne savoir signer » ( Sauveur Marcé, maire)

La Forge

La forge est le complément de la mine. La forge et le martinet de Corsavy appartiennent en 1790 à Michel Costa-Serradell ; elle est située sue le chemin de Corsavy à St Marsal, près du Riuferrer
La forge nécessite un personnel nombreux : 4 mineurs, 6 charbonniers, 6 forgerons, 6 voituriers et 20 mulets qui transportaient le minerai et le charbon de bois. Le fer produit, 240 quintaux annuellement, est surtout envoyé en Espagne.
Dans le martinet, on allonge le fer et on fait des clous ; il faut un mulet pour le transport du charbon, 2 ouvriers pour allonger le fer et un charbonnier pour la cuisson du martinet
Le propriétaire, Louis, Michel Costa-Serradell est professeur, doyen de la faculté de médecine à l’université de Perpignan. Depuis l’été 1792 il habite Corsavy ; conformément au décret du 15 août 1792, qui enjoint tous les fonctionnaires de prêter serment, il se présente le 28 octobre 1792 « devant nous, Jean Vilanova-Darguines maire, attendu que c’est dans cette commune de Corsavy qu’il fait son domicile depuis quelques mois, pour prêter serment. Par-devant nous, le dit Costa-Serradell, a déclaré : « Je jure d’être fidèle à la nation, et de maintenir la liberté et l’égalité ou de mourir en la défendant » ».
Le 22 messidor An 8 ( 18 juillet 1800), la municipalité de Corsavy accorde le certificat de résidence suivant : « Louis Michel Costa-Serradell, ancien professeur de médecine de la ci-devant université de Perpignan, âgé de 55 à 56 ans, taille 1 m 746 mm, sourcils châtains, yeux de même, nez moyen, bouche de même, menton rond avec fossette au milieu, a résidé habituellement et sans interruption dans la forge située à la commune de Corsavy depuis le 10 août 1793 au 20 octobre de la même année ». Puis il émigre.

Le décret de l’assemblée nationale, du 18 mars 1790, comprend les dispositions pour prévenir et arrêter les abus relatifs aux bois et forêts domaniaux. Ce décret enjoint de ne couper le bois qu’en bon père de famille dans les pasquiers du Roi. Pourtant la fabrication de charbon se poursuit malgré la surveillance de la municipalité
Ainsi le 28 avril 1790
« Nous, Jean-Antoine Vilanove et Darguines, maire, Jean Deit, Jean Font de Cave, François Darné et Sébastien Tubert, officiers municipaux, nous nous sommes transportés exprès dans les pasquiers du Roi. Nous avons trouvé une grande quantité de bois coupé à ras de terre, dont une partie est en abattis, partie déjà propre appelée aplaçade, pour y faire des fourneaux à charbon, et nous en avons trouvé un qui est en cuisson. Nous y avons trouvé différentes places charbonnières dont on a déjà emporté le charbon ( il y en a encore de fait une partie). Nous y avons trouvé Jean Gurse, maréchal à forge, Come Romeu, Michel Romeu, Michel Deit, Joseph Balls, Martin Garcias, Gaudérique Mias, Michel Mias, Paul Llanas, Joseph Deit, à tous lesquels nous avons dit de se retirer et de ne point couper plus de bois, ni toucher ce qui est déjà coupé, comme aussi de ne toucher le charbon qui est déjà fait.
Lesquels ci-contre dénommés nous ont dit, que quand ils nous ont vu venir, il y avaient d’autres personnes qui y travaillaient et ont décampé à notre arrivée.
Nous avons été de retour à Corsavi, à la maison du sieur maire, aux environs de six heures du soir, et nous avons dressé ce procès-verbal tout de suite. »
Ainsi le 3 novembre 1790, «… Antoine Vila leur fit observer, et leur dit qu’il y avait deux places charbonnières près de la Coba dels Porchs, à l’une il y avait un peu de tisons et quelques outils de charbonnier, et à l’autre un fourneau à bois chargé prêt à y mettre le feu. Antoine Vila a déclaré que celui qui avait travaillé à monter le dit fourneau est le nommé Joseph Deit, fils de Jacques Deit, maréchal à forge de Corsavi. Et il ajouta que le nommé Jacques Deit, aussi fils de Jacques Deit, maréchal à forge, avait aussi fait et tiré du charbon de l’endroit dit Clot d’en Ramonet, qui appartient au Sieur Louis Costa Serradell, et que le dit Jacques Deit avait emporté le charbon. »
« Le 4 novembre on trouve Guillaume Got avec trois mulets chargés de charbon à l’endroit dit Correch de Cardevera; ils suivaient le chemin qui conduit à la forge de Monsieur Costa Serradell, et le même jour, à la soirée, le même Guillaume Got passa tout près de la Torre Danglas avec ses trois mulets, devant les sieurs commissaires; il allait à mitge rivière pour y charger du charbon; le dit Antoine Vila, indicateur du sieur Lanquine, le suivit de près; il alla pour raccommoder un fourneau qui brûlait à l’endroit de mitge rivière. »
« Le 7 novembre 1790, Jacques Llori nous a déclaré que le nommé Thomas Maler, habitant à Léca, a coupé au bois de las Canals, des buis et des barres, et qu’il les a fait transporter avec des mulets à la conduite d’Abdon, son fils, au minier du Pou à Batère. »

« Le 31 mars 1791, Jean Anglade avertit les officiers municipaux qu’il y avait au bois de la Coume qui est dans les Pasquiers du Roi, un fourneau à charbon. Les officiers municipaux se sont transportés au Clot d’en Ramonet, ont dispersé le fourneau et ont ramassé deux sacs de charbon qu’ils ont fait transporter à la forge de Mr Costa. Ils ont trouvé à la même place une pioche, une pagnière, un rampi, une petite pierre à aiguiser et une paile de charbonnier. Ils ont vu à un quart de lieue Joseph Bails de Corsavy, puis sont arrivés François Darné de Léca, et Pierre Délos, berger, qui a déclaré venir prendre le charbon à Jacques Deit, fils de Jacques Deit, maréchal-ferrand. Jacques Delclos et Jean Saqué ont d’ailleurs vu ce matin Jacques Deit descendre de la montagne avec un sac de charbon »

En 1799, Joseph Laviose, mineur, désire apprendre le métier de cloutier comme propriétaire d’un martinet sis à Arles. L’exposant est domicilié à Corsavy. En conséquence il demande qu’il lui soit accordé un passeport pour aller faire son apprentissage à Massanet en Espagne, l’exposant est âgé de 14 ans, taille de 4 pieds 6 pouces, cheveux et sourcils blondins, nez moyen, bouche moyenne, menton rond, front grand

Propriétaires en 1795

Après l’émigration de certains propriétaires de mines, Michel Caballer-Descatllar d’Ille, Louis Costa-Serradell, Abdon de Noell. de St Laurent de Cerdans. , leurs biens sont vendus comme bien nationaux

1. Michel Caballer-Descatllar
Minière de las Canals en partie à Marie Maler d’Arles, l’autre partie à la République
2. Louis Costa-Serradell
Minière de las Aïgues Blanques à la République
La Farga, forge, maison et martinet à Roussillon Antoine, médecin à Paris
3. Abdon de Noell
Minière del Pou à la République
4. marguillerie de St Pierre d’Arles
Minière de San Pere à la République. En l’an 14, restitution à la Fabrique de l’église paroissiale de deux minières dites St Pierre et de la Grillade, provenant de la confrérie de St Pierre d’Arles

Le 7 thermidor An 4, Echene, Commissaire Exécutif du canton d’Arles fait un rapport au Commissaire Exécutif du Département sur l’état des forges ( rapport n° 68)
« … Dans mon arrondissement il y avait avant la Révolution et y sont encore 5 forges : celle du Caraller à Arles, celle de Corsavy, celle du Pont Neuf à Arles, celle des Bains, celle de Lazemas à Palalda. Mais elles ne vont plus, à l’exception de celle de Corsavy ainsi que son martinet. Elle bat le fer continuellement et en abondance. Quant aux 4 restantes, elles ne vont plus par le manque de mulets, forgerons et charbonniers… Malgré qu’il n’y ait qu’une forge en activité, ceux qui font fabriquer le fer ne peuvent le vendre, attendu que ne pouvant le faire passer en Espagne, ils tiennent leurs magasins remplis sans que personne ne leur en achète. Cet empêchement fera qu’aucune forge de nos contrées ne pourra aller, attendu que les fabricants tiennent leurs fonds morts, ne pouvant faire de l’argent pour acheter du charbon ainsi que de la mine. Ils restent sans le sou pour faire aller le commerce. Quant aux martinets dans mon arrondissement il en existe 3 : deux à Arles et un à Corsavy qui est en activité quelque peu… »

Gource est chargé par Roussillon de la gestion de sa forge

Le propriétaire actuel de la forge, Antoine Roussillon, « médecin en chef de l’armée des Pyrénées-Orientales, présent à Paris, logé rue des Francs-Bourgeois, n° 136, section de Théâtre Français » révoque, le 21 juillet 1796, les pouvoirs qu’il a donné au citoyen Gursa, agent national de la commune de Corsavy. « Ce fait est constitué à son procureur général et spécial Jacques Frérot, cultivateur à Limoux, département de l’Aude, auquel il donne pouvoir de pour lui et en son nom, faire rendre compte par toute voie de conciliation et de droit au dit citoyen Gursa, de la gestion et administration qu’il a des biens du dit constituant, sis à Corsavy, consistant en une forge à fer et autre en capitaux… »

En 1799, Jean Giralt, officier de santé et agent d’affaires du citoyen Roussillon, est chargé par Roussillon de la gestion de sa forge

En 1801, Antoine Roussillon écrit au Préfet des Pyrénées-Orientales
le 2 nivôse An 10 de la République (décembre 1801)

Paris,
Roussillon, médecin des armées, au citoyen Martin, préfet du département des Pyrénées Orientales à Perpignan,

Vous vous rappelez sans doute de moi, j’étais médecin en chef de l’armée des Pyrénées, l’armée de l’infortuné Soubrany, du brave Dugommier et d’Augereau. Sous ces rapports j’ai cru pouvoir m’adresser à vous ( et vos amis m’ont dit que je pouvais le faire) pour vous prier décrire un mot au citoyen Giralt, officier de santé à Corsavy, puis à Arles, pour l’inviter à venir vous parler, afin de se concerter avec vous, pour me faire vendre à l’amiable ou par enchère, une petite forge à feu que j’ai acquise dans la commune de Corsavy, et dont le même Giralt est chargé par moi de la gestion. Giralt est le meilleur homme du monde; il est républicain, il est mon ami, mais j’ai beau lui écrire que je suis à Paris, avec beaucoup d’autres au milieu, entouré de gens enrichis, qui nous éclaboussent de leurs superbes voitures, leurs putains et leurs valets insolents, jamais ce pauvre Giralt ne m’envoie d’argent qu’en offres et promesses, après lesquelles il est des six mois sans m’écrire. Tâchez donc, mon général, d’inviter mon ami Giralt a m’envoyer au moins de quoi faire le voyage de Perpignan pour habiter ma propriété, si je ne puis la vendre à un prix raisonnable, car il ne fait pas bon vivre à Paris où je suis réformé avec très peu de chose, en attendant un emploi sur lequel je compte peu, malgré 22 ans de services rendus à l’humanité, et je ne parle pas de ceux rendus à la liberté. Cela ne compte pas, et déplairait à bien du monde, ce qui m’est bien égal.
Coutès, beau-frère d’Augereau, craint que j’aille dans les Pyrénées, il ne me conseille pas; je n’ai pas peur, jamais les amis des rois, les méchants, ne m’ont fait reculer et je suis prêt à les braver, et puis, il y a encore des patriotes aux Pyrénées; j’y trouverai des amis, j’en suis sûr.
Faites-moi donc le plaisir, général, de faire écrire à Giralt à Corsavy. Il m’a proposé de me faire vendre ma forge. S’il ne le peut, faites-moi le plaisir d’inviter le citoyen Guitet, notaire à Perpignan de la faire mettre en vente et de la faire publier. J’en veux 20 mille francs, tournois et comptant. Gérée par le propriétaire, elle rapportera par an 1800 francs. Elle vient d’être réparée à neuf, elle est l’abri de tout appel et défaut, puisque j’ai payé, il y a 3 ans, 7500 francs argent. Je donnerai, en outre, par la voie de Giralt les titres nécessaires à l’acquéreur pour faire regorger 3 à 4 mille francs à deux fripons, mes anciens agents, dont l’un est à Arles et l’autre à Limoux. Alors l’acquéreur fera un bon marché.
Pardon, citoyen de la liberté que je prends; un républicain ne peut que s’adresser à un autre. Giralt payera les frais si la vente ne réussissait pas et j ‘enverrai procuration au citoyen Guitet dès que j’aurai trouvé cy son frère.
Salut fraternel
Roussillon
rue du faubourg St Jaques, près le Val de Grâce, n° 242 à Paris

En 1806, le fermier de la forge est M. Castillon. Dans un différent qui l’oppose à Joseph Rossignol, le maire de Corsavy, Sauveur Marcé, lui écrit « Monsieur Joseph Rossignol del Touyre, propriétaire, est venu porter plainte, que, hier,, passa le fils aîné de Joseph Bounich, votre voiturier, avec votre chien Dejude… »

La forge est achetée par M. Jacques Pons, de Corsavy

Les débuts de l’ère moderne

Le médecin naturaliste Bastard, au cours d’un voyage qu’il fit en 1821, déplore l’emploi des enfants dans les mines de Batère, il se rend ensuite à Velmanya où il visite une forge au moment de l’étirage du métal

Mine de Batère
Par ordonnance royale en date du 1er avril 1830 la concession des Mines de las Indis et Roques Nègres, communément désignée sous l’appellation de « Batère » est accordée au marquis de Vogüe
« ...M. Charles, Louis, Florimond, comte de Vogüe, pair de France, chevalier de l’ordre Royal et militaire de St Louis, domicilié à Tresques, canton de Banyols, arrondissement d’Uzès, département du Gard.... père de Gabriel, Félix, Elzéard de Vogüe , son fils unique , issu de son mariage avec la défunte dame Gabrielle Sophie de Vinezac, qui était, par elle ou par ses ancêtres, depuis un temps immémorial, propriétaire de 3 mines de fer de las Indis et del Pey ; jusqu’à présent, l’exposant a exploité des 3 mines au moyen de bois et combustibles provenant de ses propres terres... »

En 1831, M.M. Joseph Batlle et Jean et Laurent Vilanove demandent la concession des mines de fer situées sur le revers méridional de la montagne de Batère . Or dans cette concession se trouve la mine de Dalt demandée par M. Jean Pons. Le conseil des mines établit le 14 novembre 1831, sur l’espace demandé par MM. Batlle et Vilanova, 7 concessions : Bonade, Droguère, las Canals, St Pierre et las Grillades, Bernado, Dalt et Bigarrats et Bocanegra

Les ordonnances royales du 31 mars 1832 instituent les concessions des mines de Batère (signé : Louis-Philippe)
Mines de la Droguère et de Bonade à M. Jean-Antoine de Garcias domicilié à Taxo d’Amont, commune de St André
mine de Bernado ou del Mount à M. Vilanova
mines de St Pierre et las Grillades à la Fabrique de l’église d’Arles et à Mme Favières née de Ros
mine de las Canals à Mme Sangerma- Males et Mme Favières née de Ros
mine de Dalt à M. Pons
mines de Bigarrats et Bocanegra à MM. Jean Malé et Cie
mine de las Coudeilles à MM. Jean Malé, Joseph Fort, Michel Vilaséca, et Jean Noguer
mine d’el Pou à M. Noell et Mme Marrot-Desclaux
mine d’Aygues Blanques à M. Delclos-Rodor
mine de la tour de Batère ( La Bastide) à M. Pons

L’ordonnance royale du 10 mars 1833 porte institution des mines de fer de Vilafranca ( Velmanya) à Mme de Favières

Celle du 2 janvier 1845 portant institution de la mine de fer du Boulet ( Labastide). Concession en faveur de M. Pujade

En 1848 les mines exploitées dans le canton sont au nombre de 7 (toutes situées sur le territoire de la commune de Corsavy) « ...La plus importante, appelée Las Indis, occupe 6 mineurs et 10 domestiques et 1 surveillant qui représente le propriétaire ; ces ouvriers peuvent extraire en moyenne 1200 charges de minerai (135 kilogrammes la charge) par mois ; ce minerai, fort estimé, se vend 2 francs les 135 kilogrammes. Les autres sont : 1° Canals, 2° Pou, 3° La Droguère, pouvant livrer chacune journellement à la consommation 13 charges et occupant 11 ouvriers ; le minerai ne se vend qu’à raison de 1 f. 50 les 135 kilogrammes ; 4° Le Boulet, avec 8 ouvriers, extrait journellement 35 charges ; 5° El Massé d’Amont et L’Ascoudeille occupent 3 ouvriers et donnent 13 charges par jour. La Pinouse, quoique située hors du canton, est exploitée par des mineurs qui habitent ce pays et le minerai est consommé par nos forges le nombre d’ouvriers est de 5, la quantité de minerai est de 25 charges par jour... »
Ces mines ne sont desservies que par des chemins muletiers.

Construction d’une route entre Coustouges et les mines de Batère

En 1838 ( procès verbal du 10 juillet), il est proposé d’ouvrir une route entre Coustouges et les mines de Batère pour le minerai puisse alimenter plus facilement les forges situées de l’autre côté du Tech. La difficulté provient de la circulaire ministérielle du 25/2/1819 qui défend l’autorisation de construire de nouvelles routes sur la frontière sans l’autorisation du ministre.
En 1839, le ministre de l’Intérieur donne l’autorisation favorable
En 1842 des maîtres de forge d’Arles demandent le changement de direction entre Arles et les mines de Batère, passant par la montagne de la Mate et le Pla de l’Arque, en abandonnant le village de Corsavy. Refus du préfet : « Corsavy n’aurait plus de route, Montferrer resterait isolé, St Laurent et Coustouges ne pourraient aller à Batère qu’en venant prendre le pont neuf au-dessous d’Arles »
En 1846 le chemin de grande communication n° 3 entre Arles et Corsavy est terminé L’exécution de ce chemin et la facilité avec laquelle on l’a ouvert jusqu’à Corsavy prouve qu’il sera très facile de s’élever jusqu’aux miniers. Les habitants de la vallée sollicitent la continuation des travaux sur le chemin de Batère
En 1849 un projet de route d’Arles à Batère en passant par Montbolo, Taulis, St Marsal et Labastide, est proposé par les propriétaires et maître des forges : , car la route d’Arles à Corsavy est terminée, mais le prolongement jusqu’à Batère est abandonné. Refus du préfet
De 1860 à 1867, construction de la sortie de Corsavy, portion comprise entre la place publique et la maison Vilanova
En 1866, est mis en projet la construction de la route de Corsavy à Batère
Le premier tronçon entre les Pradets et la métairie du Pount d’en Clot débute en 1868
Le deuxième tronçon entre les Fourquets et le col de la Descargue en est au point mort ; aussi Monsieur Gabriel Félix Elzéard, comte de Vogüe, « domicilié en son château de Cambons, commune de Viols en Laval, arrondissement de Montpellier », propriétaire des mines de las Indis, demande en 1872 à son régisseur, Fortuné Fabre, de se porter adjudicataire pour les travaux


Propriétaires en 1858
propriétaires mines forges

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M. le comte de Vogüe las Indis
Propriétaire, demeurant à Trèves, Rampadis
et une partie de l’année à Paris
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M. de Garcias la Droguère
Propriétaire à Taxo
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M.M. Donat et Henry le Boulé forge Azéma
A Paris
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M. Antoine Dubois Vilafranca forge des Bains
Maître des forges à Arles
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M.M. Bonaventure Desclaux del Pou
Propriétaire à Arles
Et Izern à Perpignan
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M. Jacques Pons La Pinouse forge de Corsavy
Propriétaire mané de dalt fermier de la forge d’Arles
Maître des forges à Corsavy mané nou forge du pont neuf
La pinousette forge de dalt
forge de Sorède
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M. Auguste Catelant forge d’Arles ( propriétaire)
Maître des forges à Arles
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M. Nogué Las Coudeilles
Et vve Vilaséca Bigarrats
Et vve Fort née Pons, de Montbolo Labouradou
Et Jacques Galangau de Montferrer
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M. Etienne Pujade Canals
Et Jacques Dubois, fils
A Arles
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M. Jacques Dubois, père Aygues blanques
A Arles
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M. Jacques Dubois, fils forge d’en bosc
A Arles forge d’avail
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M. Jean Batlle fermier de la forge du pont neuf
Propriétaire à Arles

Ouvriers étrangers

Vers 1840, des ouvriers étrangers viennent travailler aux mines de Batère
Ainsi en 1842 , Isidore Vilalte, mineur , 27 ans, domicilié à Corsavy, né à St Genis de Carall ( Espagne), fils de Florentin Vilalte et de Thérèse Valloveres, décédés, épouse Rose Llori, de Corsavy
En 1846, Jérôme Pistolino, mineur, 36 ans, domicilié à Corsavy, né à St Ambroise commune de Savone (Italie) fils de Jean-Baptiste Pistolino (décédé à Savone) et de Ursule Mantera ( décédée à St Ambroise commune de Savone), épouse Marie Thibaut, de Corsavy

Enquête sur le travail industriel

Grâce essentiellement à l’extraction du minerai de fer, le canton d ‘Arles-sur-Tech connaît une certaine activité industrie En. 1848, mines et forges y procurent du travail à quelque cent quatre-vingt dix personnes mineurs, muletiers, charbonniers et forgerons.
Arch. dép. P.-O., M n.c. 3123. Enquête sur le travail agricole et industriel (décret du 25 mai 1848). Canton d’Arles-sur-Tech, 6.
Il existe dans le canton 6 forges à la catalane. Le nombre d’ouvriers dans chacune de ces forges est de 9, savoir un surveillant payé par le patron et 8 ouvriers ou domestiques. Le produit en fer est annuellement de 18000 quintaux de 40 kilogrammes ou 7200 quintaux métriques. Le prix est en moyenne de 38 francs le % (= les 100) kilogrammes, ce qui donne un total de 278 600 (sic) francs. Chaque foyer consomme par an 3500 charges de charbon, de 135 kilogrammes la charge, et 300 charges de minerai, la charge étant de 135 kilogrammes.
Les mines exploitées dans le canton sont au nombre de 7 (toutes situées sur le territoire de la commune de Corsavy) La plus importante, appelée Las Indis, occupe 6 mineurs et 10 domestiques et 1 surveillant qui représente le propriétaire ; ces ouvriers peuvent extraire en moyenne 1200 charges de minerai (135 kilogrammes la charge) par mois ; ce minerai, fort estimé, se vend 2 francs les 135 kilogrammes. Les autres sont : 1° Canals, 2° Pou, 3° La Droguère, pouvant livrer chacune journellement à la consommation 13 charges et occupant 11 ouvriers ; le minerai ne se vend qu’à raison de 1 f. 50 les 135 kilogrammes ; 4° Le Boulet, avec 8 ouvriers, extrait journellement 35 charges ; 5° El Massé d’Amont et L’Ascoudeille occupent 3 ouvriers et donnent 13 charges par jour. La Pinouse, quoique située hors du canton, est exploitée par des mineurs qui habitent ce pays et le minerai est consommé par nos forges le nombre d’ouvriers est de 5, la quantité de minerai est de 25 charges par jour.

Le déclin

La construction de la route d’Arles au col de Pey a un peu amélioré la situation. Les mines de fer de las Indis et de la Pinouse en ont profité pour descendre les quelques 300 tonnes de minerai qui était consommé par les forges de Corsavy, mais ces moyens de transport étaient encore trop chers pour permettre aux minerais de Batère de soutenir la concurrence de ceux de la région de Prades.
D’autres faits se conjuguent pour précipiter le malaise : le charbon, dont la moitié vient d’Espagne, remplace désormais le bois. L’activité métallurgique a du mal à résister à l’implacable concurrence exercée par les nouvelles techniques

En 1859. la situation des mines de Corsavy est «critique». «Pas d’activité», mentionnent les rapports, dans l’arrondissement de Céret, «l’extraction et la vente sont presque nulles». Trois ans plus tard, sur les quatorze mines de Batère, quatre seulement restaient exploitées, or le minerai était de bonne qualité et se vendait à la mine 1,50 F les cent kilogrammes C’était brader de la bonne marchandise pour continuer à subsister. Ce n’est que lorsque l’exportation vers l’Espagne reprend. en 1865 que l’activité se manifeste à Corsavy

La Révolution industrielle avait peu pénétré les régions minières et métallurgique du Vallespir restées au rythme d’une activité artisanale condamnée.

Sous le Second Empire déclin des forges et stagnation de l’industrie minière allaient de pair; ce n’est qu’après 1870 que devait se produire la dissociation de la mine et de la forge: privée de la Lorraine ferrifère, la sidérurgie française se souvenait. Elle allait regarder, sans oublier la ligne bleue des Vosges, vers l’imperturbable Canigou.

Il semblerait que la solution soit le regroupement de mines. En 1872 la Société du Canigou se rend acquéreur de 11 concessions de mines de fer dans le district de Batère ; en 1877, cette Société demande la réunion des mines abandonnées et inexploitées qui sont de Bigarrats, las Coudeilles, las Canals, al Pou, Aigues Blanques, Villafranca, Boulet, St Pierre, de las Grillades, la Bonade, la Droguère ; mais elle a été déclarée en faillite en 1878 . La demande de réunion est abandonnée

Délibération municipale 1880 (mairie de Corsavy)
…Corsavy possède des gisements de minerai de fer presque tous inexploités aujourd’hui. Il y a environ 20 ans ( c'est-à-dire vers 1860), 120 ouvriers mineurs travaillaient à Batère pour alimenter 13 ou 14 forges catalanes ; le restant de la population était occupé aux transports des minerais aux forges et aux travaux des champs. La population de Corsavy était de 1000 habitants ; elle n’est plus aujourd’hui que de 750 : 10 à 12 personnes suffisent pour l’extraction du minerai et le transport. Tous les autres ont du émigrer, faute de travail…


Le 17/4/1895 le Préfet arrête : les travaux d’exploitation actuels dans les mines de las Indis ne sauraient être poursuivis sans exposer aux plus graves dangers le personnel qui y est occupé, que l’intérêt de la sécurité de ce personnel exige l’adoption pour l’avenir d’une méthode plus rationnelle d’exploitation. Le 25/4/1895 Maire de Corsavy notifie au sieur Fabre représentant de l’exploitant de la mine de las Indis l’arrêté préfectoral en date du 17 avril 1895, interdisant les travaux d’exploitation de ladite mine




L’époque industrielle

Le 17 mars 1897, la concession des mines de Batère est accordée à M. Monin
Notaire Polge à Arles-sur-Tech
Monsieur Joseph Pierre Monin, ingénieur civil, demeurant à Paris, rue St Georges n° 43 a acquis de Mr le Comte Gabriel, Félix, Albert de Vogüe, marquis de Montclus, propriétaire demeurant à Paris, faubourg St Honoré, n° 102, et de Mlle Eugénie, Félicité, Marie de Vogue, demeurant à Pau, héritiers de Mr le Comte de Vogüe, la concession des mines de fer de las Indis et de Roques Nègres, d’une superficie de 40 ha, avant concédée au Sr de Vogüe par l’ordonnance royale du 1er avril 1830, pour 60000 francs
M. Monin acquiert entre 1897 et 1900, dix autres concessions attenantes, le total de la superficie concédée atteignant ainsi 420 hectares. Ces diverses concessions sont réunies en une seule par les décrets des 9 mars 1916 et 5 août 1918.
Le 30/8/1897 vente de la concession de St Pierre et la Grillade par M. Jacques Pons, ingénieur, maître des forges à Arles, à M. Joseph Pierre Monin, ingénieur, pour 1000 francs. M. Jacques Pons l’avait acquise à l’audience des criées du tribunal civil de Céret le 12/4/1892.
Le 30/8/1897 vente de la concession de la tour de Batère et de Dalt par MM. Jacques Pons, ingénieur, maître des forges à Arles, et son frère Alexandre Pons, maître des forges à Corsavy, à M. Joseph Pierre Monin, ingénieur, pour 49000 francs. Ces concessions furent accordées à la famille Pons suivant décret du 11 mars 1877

Le 21/12/1897
Lettre de M. Monin au Préfet
M. Monin expose
- qu’il a acquis de divers les concessions de mines de fer de las Indis, st Pierre et las Grillades, Dalt et la tour de Batère
- il a obtenu en outre de la Société métallurgique du Périgord, qui est propriétaire, le droit d’exploiter les concessions de Bigorrat et Bocanegra, las Canals, las Coudelles, El Pou, Aygues Blanques, Vilafrance et le Boulet
- il demande l’autorisation de réunir ces concessions sous la dénomination « Mines de Batère »

Trois protestations ont été produites :
1. Marie Anglade, née Fort, prétend avoir, par l’héritage de son père Joseph Fort, une part dans les concessions de Bigarrats et Bocanegra, las Canals, et las Coudeille. Mais, ces concessions, la Société métallurgique du Périgord en a été adjudicataire au tribunal de Céret du 14 août 1898, et elle les a amodiées à M. Monin. (Jean Fort, qui avait hérité de son père Joseph Fort, cède ses droits en 1868 à Jérôme Anglade)
2. M. Jean Nègre, propriétaire à St Jean Pla de Corts, fait des réserves concernant la concession de la Borrade et de la Droguère. Il a acheté cette concession à Mme vve Joséphine Simon, veuve en 1éres noces de Baratte, née de Garcias, nièce et héritière de Jean-Antoine de Garcias, député, décédé en 1859. Mais cette concession, la Société du Canigou en 1884, puis la Société des mines du Périgord en 1885, se l’appropieent.
3. M. Vilanova proteste comme propriétaire de la concession de Bernado
Ces 3 protestations sont estimées sans valeur

En 1898 las Indis ou mines de Batère se transforment en Société Anonyme de Batère.
Le 26 juin, ouverture de la section de voie ferrée Céret- Arles « La vallée du Tech possède bien une voie ferrée mais elle n’est arrivée à Arles, au pied de la région minière, que depuis cette année. L’achèvement de la voie ferrée jusqu’à Arles a considérablement amélioré la situation des mines Cependant la nécessité de descendre les minerais sur essieux par une route de montagne de 22 km pour las Indis, la plus rapprochée des concessions, grevait encore ces exploitations de frais considérables. L’installation d’une voie économique de transport était donc absolument nécessaire pour permettre aux minerais de Batère d’arriver aux usines métallurgiques à un prix acceptable » écrit le Préfet
Le 30juin 1898 demande de M. Morin d’établir un câble aérien de 9 km de long. Il demande l’autorisation de passer au-dessus des routes et de la gare d’Arles «Une fois que M. Monin aura terminé l’installation du câble aérien qu’il vient de commencer, il compte produire et descendre vers les 50000 tonnes par an ».

Par décret du 26 mai 1899, M. Monin est autorisé de réunir les concessions de mines de fer dans la région de Batère : las Indis, Bigarrats et Bocanegra, las Coudeilles, las Canals, al Pou, Aigues Blanques, Villafranca, Boulet, St Pierre et las Grillades, la tour de Batère, Dalt

Un petit four à grillage , avec ensemble de silos de stockage et cantine, est situé au niveau 1530. L’alimentation s’effectue au moyen d’un petit téléphérique aux pylônes en bois partant de l’arrivée du câble transporteur

M. Monin utilise de nombreux ouvriers étrangers, justifié par le manque de personnel qualifié dans la région de Corsavy, mais aussi et surtout par le désir de contrôler une main-d’œuvre immigrée
En 1899, un rapport sur les chantiers d’exploitation de Batère, en date du 7 juillet, adressé à M. le Sous-préfet de Céret, indique que :
« 380 ouvriers sont employés actuellement aux divers travaux préparatoires dont 345 français, 22 espagnols, 8 italiens et 4 grecs ; sur ce nombre 280 travaillent à la construction des galeries des mines et 100 à la pose du câble entre Batère et la gare d’Arles sur Tech. ». En décembre 1905 sur 350 ouvriers il y a 125 italiens, 55 grecs et 44 espagnols. Les Français sont en minorité. Le 21 février 1908, ils sont de 102 Italiens, 54 Espagnols, 14 Grecs
« Les ouvriers qui travaillent aux mines sont répartis en deux équipes, l’une de jour travaillant de 6 à 11 heures du matin, et de midi à 5 heures du soir, l’autre de nuit travaillant de 6 à 11 heures du soir et de minuit à 5 heures du matin.
Le prix moyen de la journée de travail est de 2,75 francs à 3 francs pour les manœuvres et de 3,75 francs à 4 francs pour les bons ouvriers et mineurs.
Les travaux préparatoires et d’installation du câble ne seront terminés que vers la fin du mois d’octobre prochain et l’extraction du minerai ne commencera que dans les premiers jours du mois de novembre. A cette époque le nombre d’ouvriers sera porté au moins à 600 qui travailleront moitié de jour et moitié de nuit, de manière à pouvoir extraire 300 tonnes de minerai dans les 24 heures. »
M. Monin n’a jamais refusé d’employer les habitants de Corsavy et des villages voisins, mais comme aide-mineurs, dans des chantiers à ciel ouvert, où les ouvriers encore inexpérimentés font, par ce fait, l’apprentissage de mineurs. Ce n’est qu’au bout de 10 mois ou un an, alors qu’ils ont quelques notions du travail de la mine, qu’ils sont employés dans la galerie au fur et à mesure des places libres..
Les ouvriers sont logés, éclairés et chaussés, ils ont l’huile des lampes pour la somme de 1 franc par mois
Les chantiers sont attribués par tirage au sort périodique. En 1905 sur 35 chantiers, la mine compte 5 chantiers français
La paye a lieu par mois à Arles ; après 1900 elle est faite par quinzaine aux Indis


Enquête sur la demande de M. Monin, directeur des Mines de Batère tendant à obtenir l’autorisation de construire un magasin de dynamite dans le territoire de la commune de Corsavy.
Considérant
1. Que l’endroit choisi pour son établissement est suffisamment éloigné et encaissé pour éviter des accidents graves en cas d’explosion
2. Que deux ouvriers étant préposés à la garde et à la distribution de dynamite, il y a lieu d’espérer que tout détournement deviendra impossible
Le conseil municipal de la commune de Corsavy est d’avis que M. Monin soit autorisé à établir un dépôt de 500 kilogrammes de dynamite.
A Corsavy, le 28 avril1900
Le Maire Jules Deit


M. Monin ne semble pas apprécier les ouvriers du pays ;.c’est une main-d’œuvre montagnarde qui a toujours vécu repliée sur elle-m^me sans grand contact avec la plaine. Elle a le goût de l’indépendance, de la liberté. Elle supporte mal la discipline de la mine d’autant plus que celle-ci prend souvent une forme brutale et injuste. L’absentéisme de la main-d’œuvre locale due aux enterrements et aux fêtes locales est importante.
En 1899 dans le même rapport, le Commissaire spécial indique : « Les ouvriers du pays n’étant pas, parait-il, reconnus assez habiles comme mineurs, M. Monin se propose de faire venir aux mines de Batère un certain nombre d’ouvriers italiens »
En 1905, dans une lettre à M. Jules Deit, maire de Corsavy, M. Monin écrit : «…Les mineurs de Corsavy, indisciplinés, veulent en faire à leur tête, ce qui ne peut se concilier avec une exploitation méthodique industrielle. J’ai été obligé de faire appel à la main-d’œuvre étrangère car je n’en trouve pas dans le pays, aptes au travail de notre mine. Si je n’avais pas d’étrangers, je devrais fermer la mine demain. Les gens indisciplinés, piètres mineurs, comme ceux de Corsavy, peuvent trouver le chef d’exploitation M. Baujou sévère. Si les ouvriers mineurs de Corsavy, très exigeants, veulent nous créer des difficultés, entraver la marche de l’exploitation qui a apporté le bien-être et l’aisance dans le pays, nous tacherons de nous passer d’eux …»
En 1905 le Commissaire écrit au Préfet : « …M. Monin ne pourra accéder aux revendications…pour la seule raison que les indigènes ne sont pas aptes à travailler à la mine, dans les galeries souterraines … »

Le recrutement se fait sur Corsavy et sur le secteur d’un rayonnement de 30 km. Quant aux ouvriers étrangers, le 21 février 1908, ils sont de 102 Italiens, 54 Espagnols, 14 Grecs

Listes en 1908

Liste nominative des ouvriers du câble

Noms Prénoms Domicile


Ayax François Arles sur Tech
Baille François Arles sur Tech
Barboteu Sauveur Arles sur Tech
Boix Abdon Arles sur Tech
Boix Etienne Arles sur Tech
Boix Jean Arles sur Tech
Casso Jean Corsavy
Coste Antoine Arles sur Tech
Coste Jean Arles sur Tech
Coste Laurent Arles sur Tech
Coste Michel Arles sur Tech
Courdomy Joseph Arles sur Tech
Dunyach Pierre Arles sur Tech
Escofet Jacques Arles sur Tech
Llory Michel Arles sur Tech
Malé Joseph Arles sur Tech
Marty Gaspar Arles sur Tech
Masdabaill Jacques Arles sur Tech
Moreau François Arles sur Tech
Noell Abdon Arles sur Tech
Oms Abdon Arles sur Tech
Oms Gaudérique Arles sur Tech
Oms Joseph Arles sur Tech
Pauly François Arles sur Tech
Planes Isidore Arles sur Tech
Pompidor André Arles sur Tech
Pompidor François Arles sur Tech
Pompidor Jean Arles sur Tech
Pompidor Jean Arles sur Tech
Puig Ferréol Arles sur Tech
Puig Joseph Arles sur Tech
Pujade Joseph Arles sur Tech
Pujade Sauveur Arles sur Tech
Pujade Sylvestre Arles sur Tech
Ricoux Emile Arles sur Tech
Roué Pierre Arles sur Tech
Sunyères Arthur Arles sur Tech
Tixador Michel Arles sur Tech
Touron Bertrand Arles sur Tech
Vial François Arles sur Tech
Ville Jean Arles sur Tech



Ouvriers français présents à la mine au 24 février 1908

Noms et prénoms age domicile

Arqué Bonnaventure 29 Corsavy
Ausseill Sébastien 57 Labastide
Axas Auguste 25 Bouleternère
Aymerich Jean 38 Labastide
Baills André 15 Corsavy
Baills Comes 32 Labastide
Baills Edouard 17 Corsavy
Baills Jean 19 Corsavy
Baills Jean 30 Corsavy
Bassou Marc 42 Palalda
Bernades Jean 25 Corsavy
Bernades Jean 60 Corsavy
Boher François 34 Velmanya
Boix Sauveur 36 Corsavy
Bouchèdes François 20 St Marsal
Bouchèdes Jacques 24 St Marsal
Bouchèdes Jean 20 St Marsal
Bouchèdes Jean 58 St Marsal
Brunet Désiré 20 Corsavy
Brunet Joseph 17 Corsavy
Calvet Michel 36 Labastide
Caritg Jean 41 Prats de Mollo
Casso Pierre 21 Corsavy
Cassu Emmanuel 47 Prats de Mollo
Caudine Jean 30 Corsavy
Coll Isidore 30 Elne
Coste Constant 24 St Marsal
Coste Joseph 36 Corsavy
Coste Joseph 62 Corsavy
Coste Martin 45 Corsavy
Coste Pierre 29 Corsavy
Coste Thomas 37 Serralongue
Courdomy Henri 17 Corsavy
Courdomy Jean 18 Corsavy
Courdomy Joseph 21 Corsavy
Courdomy Joseph 51 Corsavy
Crastres Thomas 49 Arles
Delcros Jean 25 Serralongue
Delcros Jean 26 St Marsal
Delcros Louis 26 St Marsal
Délos Augustin 32 Prats de Mollo
Délos Gabriel 27 Corsavy
Délos Sauveur 32 Corsavy
Dunyach Joseph 20 Le Tech
Dunyach Mathieu 21 St Marsal
Escoffet Jacques 15 Arles
Escoffet Michel 48 Arles
Estève Jean 29 St Marsal
Farré Henri 39 Corsavy
Fite François 25 Corsavy
Fite Jean 21 Arles
Fourquet Jean 44 Velmanya
Galy Laurent 35 Corsavy
Guisset Jean 20 Corsavy
Guisset Joseph 17 Corsavy
Guisset Joseph 25 Corsavy
Guisset Joseph 28 Corsavy
Guisset Julien 27 Corsavy
Guisset Michel 18 Corsavy
Guisset Pierre 18 Corsavy
Jorda Michel 30 Montferrer
Jorda Simon 39 Corsavy
Laguerre Jean 26 St Marsal
Lloency André 19 Corsavy
Llory Michel 32 Corsavy
Loubet Jean 39 Corsavy
Maillard Michel 34 Corsavy
Maillerach Jacques 20 Prats de Mollo
Maler Joseph 47 Corsavy
Matheu Bernard 29 Arles
Montal Jean 32 Corbère
Naudo Jean 19 Labastide
Nou André 29 Prats de Mollo
Nou Comes 56 Prats de Mollo
Nou Jean 35 Corsavy
Nou Jean 47 Corsavy
Nou Joseph 29 Corsavy
Oms François 22 St Marsal
Oms Joseph 24 St Marsal
Oms Pierre 25 Montbolo
Oms Sébastien 27 St Marsal
Panicot Jean 33 Labastide
Payrou Hippolyte 39 Corsavy
Pellier Paul 30 Alais
Pestre Frédéric 21 Vaucluse
Piquemal Comes 37 Montferrer
Piquemal Jacques 31 Corsavy
Piquemal Jacques 45 Corsavy
Piquemal Jean 27 Corsavy
Piquemal Jean 42 Corsavy
Piquemal Joachim 27 Prats de Mollo
Pomarède Michel 19 Labastide
Pomarède Michel 39 St Marsal
Puigségur Jean 37 St Marsal
Pujol Jean 33 St Marsal
Ribère François 24 Labastide
Ribère Joseph 38 Labastide
Ricard Pierre 32 St Marsal
Riumallo Jean 31 Lamanère
Romeu François 40 Corsavy
Romeu Jacques 42 Velmanya
Rossignol Jean 26 St Marsal
Salles Jacques 19 Corsavy
Soler Michel 55 Corsavy
Sourribes Joseph 19 Arles
Storch Léon 17 Labastide
Taix Antoine 29 Labastide
Taix Jean 38 Serralongue
Teill Jean 20 Labastide
Thubert Sauveur 42 St Marsal
Thubert Thomas 42 Labastide
Tixador Jacques 29 Arles
Tixador Joseph 19 Arles
Tixador Simon 30 Arles
Tourné Jean 27 Corsavy
Tourné Paul 20 Corsavy
Troc Abdon 31 Arles
Troc Jean 33 Arles
Tudine Joseph 40 Corsavy
Tuxiolo Emmanuel 33 Corsavy
Vaills Sauveur 20 Montferrer
Vidal Antoine 44 Velmanya
Vidal Philippe 15 Velmanya
Vile Joseph 28 St Marsal
Vilelongue Michel 30 Corsavy
Ville Isidore 19 Mosset

Récapitulation
Corsavy 54 ouvriers
St Marsal 20
Labastide 13
Velmanya 5
Arles-sur-Tech 11
Prats de Mollo 6
Montferrer 4
Alais 1
Bouleternère 1
Corbère 1
Elne 1
Le Tech 1
Montbolo 1
Mosset 1
Palalda 1
Serralongue 3
Vaucluse 1
Lamanère 1
------------------------------
Total 126

 


Ouvriers italiens

Noms et prénoms age domicile


Andolfato Antoine 31 Lavalle
Arriu Jionavi 35 Pezoru
Aunida Salvatori 24 Agordo
Bernardi Jiovani 18 Aceglia
Berratto François 40 Modane
Bertramis Alexandre 40 Toresalla
Bertramis Lazare 23 Sambuca
Bolletino Joseph 27 Brosso
Bossari Antoine 46 St Ligate
Bovio Pierre 38 Licholla
Brunetto Alexandre 33 Brosso
Capanelli Adamo 35 Talanela
Capanelli Albert 27 Talanela
Capanelli Angelo 17 Talanela
Capanelli Jean 29 Talanela
Carta Baptiste 40 Sossari
Cassette Joseph 24 Talanela
Cechini Paolo 21 Sambuca
Cherchi Angelo 31 Sagamo
Coralli Joseph 20 Sambuca
Coratzi Baptiste 33 Sambuca
Coratzi Dominique 18 Sambuca
Coratzi Joseph 36 Sambuca
Coratzi Ludovic 25 Sambuca
Coratzi Pelegrino 18 Sambuca
Coratzi Séverin 22 Sambuca
Corralli Jiovani 15 Sambuca
Curelli François 23 Formi
Dacoste Jiovani 41 Lavalle
Dalagua Fréderic 37 Lavalle
Daldou Jean 47 Talanela
Daroit Eugène 31 Lavalle
Daroit Félix 45 Lavalle
Daroit Jacques 50 Lavalle
Daroit Jean 31 Lavalle
Daroit Jean 50 Lavalle
Daroit Joseph 41 Lavalle
Daroit Louis 47 Lavalle
Decassau Joseph 37 Bellone
Decassau Louis 50 Lavalle
Decassau Pierre 23 Lavalle
Decassau Saute 39 Bellone
Decol Antoine 18 Lavalle
Decol Baptiste 31 Lavalle
Decol Eugène 30 Bellone
Decol Jean 21 Lavalle
Decol Joseph 27 Bellone
Decol Louis 17 Lavalle
Dejacomo Jean 32 Bellone
Dejacomo Louis 37 Lavalle
Delosbell André 48 Bellone
Denardin Joseph 32 Lavalle
Ferrari Dante 17 Sambuca
Fossens Georges 38 Lavalle
Fris Dominique 23 Lavalle
Fritz Adamo 18 Lavalle
Gajioli Jiovani 21 Sambuca
Gavaz Auguste 21 Talanela
Georges Jean-Marie 42 Lozio
Girardelli François 22 Talanela
Girardelli Pietro 41 Talanela
Ianessi Carlos 17 Talanela
Jouanel Jiovani 37 Bellone
Mafezoli Jean 37 Capodiponte
Malten Célestin 19 Lavalle
Marrani Augustin 45 Toresalla
Massotis Félix 39 Talanela
Maueini Emile 19 Montacar
Mele Jiovani 27 Norbella
Mularoni Aldino 21 Marjolles
Mularoni François 25 Lozio
Mularoni Laurent 24 Talanela
Mularoni Stefanou 51 Talanela
Nucci Louis 33 Talanela
Pantani Louis 38 Sertrana
Pascal Stéfanini 37 Lacadecal
Paternoster Joseph 38 Lavalle
Paternoster Joseph 45 Lavalle
Perini Dominique 41 Talanela
Perrero Gabriel 25 Boulacia
Plengui François 20 Toresalla
Pogielli François 43 Talanela
Poicu Giuseppe 28 Bortagardi
Pojioli Joseph 21 Talanela
Pongau Joseph 22 Gossado
Pougau Humbert 20 Bellone
Rinaldi André 53 Talanela
Rinaldi Jean 38 Talanela
Rinaldi Simon 29 Talanela
Rossi Adamo 37 St Agolo
Santoni Paola 43 Talanela
Sckena Maximilien 38 Rivemonte
Sckeria Saute 46 Lavalle
Somariva Jean 45 Lavalle
Somariva Louis 36 Lavalle
Taddeï Auguste 19 Sambuca
Taddeï Dante 19 Sambuca
Terratis Secondo 32 Pessaro
Testi Plaminio 43 Talanela
Tibola Jiovani 23 Rivemonte
Tudesque Jironi 40 Lavalle
Valeza Pierre 34 Brosso
Vatta François 33 Vilapatzu



Ouvriers espagnols

Noms et prénoms age domicile


Alcon Jean 49 Camarillas
Allegario Bicerra 23 Viladicenta
Armangol François 37 Pitarque
Arnald Joseph 27 Planella
Arqué Ignacio 27 Velmanya
Ascon Antoine 25 Mousou
Bicerra Emmanuel 44 Viladicenta
Bicerra Ramon 19 Viladicenta
Bullit Emmanuel 27 Agordia
Carceda Adolphe 23 Viladicenta
Carceda Lopez 33 Viladicenta
Cartoixa Joseph 32 Cherta
Cervera Jean 28 Pradrell
Cocé Celle 44 Nogales
Eraristo Sauto 38 Folobal
Fernandez Dominique 39 Beseria
Fernandez Emmanuel 25 Viladicenta
Fernandez Ricardo 45 Quinta
Gargallo Ancarrio 19 Pitarque
Gargallo Santiago 43 Pitarque
Gomez Ramon 32 Folobal
Gonzalez Edouard 46 Viladicenta
Gonzalez Fernand 41 Nogales
Irostosos Joseph 29 Irun
Jea François 27 Castelseras
Laregola François 23 Casseras
Laregola Puig 26 Casseras
Lopez Emmanuel 25 Billasteba
Lopez Hyacinthe 48 Cassaras
Lopez Jacques 37 Viladicenta
Lopez Joseph 38 Nogales
Malgrat Alexis 22 Agordia
Martinez François 33 Cherta
Masagagnes Jean 44 Olot
Nugna Emmanuel 24 Billasteba
Pardo Santisso 24 Morcella
Peres David 16 Tores
Peres Joseph 43 Tores
Perrella Emmanuel 25 Viladicenta
Piza Ramon 36 Valabar
Planas Jean 25 Corsavy
Pociella Joseph 27 Literra
Portareilla Carlos 24 Ripoll
Randou Jessus 30 Beseria
Recha Jean 29 Ribagora
Rubinos Joseph 28 Viladicenta
Rudesindo Lagua 25 Nogales
Salvo Emmanuel 25 Matas
Sanche Florentin 33 Cartelate
Sanchez Joseph 31 Viladicenta
Sancourco Segondino 26 Viladicenta
Santisso Emmanuel 32 Beseria
Serafin Henri 22 Luinta
Viobes Bassilios 23 Nogales


Ouvriers grecs

Noms et prénoms age domicile


Christos Nacos 24 Abanase
Spirou Aristides 25 Albanie
Leodakis Paul 25 Gavalachore
Piotatis Georges 35 Gavalachore
Christos Georges 26 Kimarra
Anastasis Roussos 27 Kimarra
Pano Christo 33 Kimarra
Isouras Vasilios 23 Kimera
Nussis Ulisse 23 Kimera
Cotzis Antoine 33 Kimera
Betzis Themistocle 21 Kiparo
Voglis Diogenis 22 Kiparo
Costas Anastas 23 Kiparo
Nacos Patros 24 Kiparo
Roussos Stefanou 24 Kiparo
Foutou Jean 25 Kiparo
Foutou Antoine 26 Kiparo
Roussos Thomas 27 Kiparo
Roussos Jean 28 Kiparo
Mickael Georges 30 Kiparo
Georgeou Jean 33 Kiparo
Cotzis Antoine 34 Kiparo
Dimoussos Alexis 40 Kiparo
Vasilios Simous 33 Koudas
Christos Margarita 24 Mitelini
Miltiadis Christos 33 Mitelini
Liageris Michel 23 Vounos
Odissea Evangelis 26 Vounos



Hébergement

L’éloignement du site nécessite l’hébergement sur place de tous les ouvriers.
Les repas se prennent à la cantine ouvrière tenue, en 1899, par M. Sala, « conseiller d’arrondissement et adjoint au maire de Corsavy », où les mineurs peuvent aussi s’approvisionner, notamment en tabac
Tout laisse supposer que la cohabitation des différentes nationalités fonctionne sans problèmes, la cohabitation des différentes nationalités est bonne puisqu’en 1899 : « Pour le moment il n’y a pas lieu de craindre le moindre désordre parmi les ouvriers » écrit le Commissaire spécial
Cependant le 18 octobre 1899 un poste de gendarmerie de 3 hommes est créé aux Indis pour « la surveillance des ouvriers employés à l’exploitation des mines de Batère »
En 1900 dans une pétition des mineurs à M. le Préfet, ils demandent « qu’il soit interdit aux ouvriers de porter des armes dans la mine » et une diminution dans la proportion de 10% des 130 ouvriers étrangers actuellement employés

Les conflits sociaux

La grève de1900.
Les premiers mouvements débutent à Batère en 1900

Références
- Les 2 rapports du capitaine de gendarmerie, Touche, commandant l’arrondissement de Céret, en service à Arles-sur-Tech, adressés à M. Le Sous-préfet le 1 mai 1900 et le 8 mai 1900
- Les 2 télégrammes du Commissaire spécial des chemins de fer et des frontières à Amélie les Bains, adressés à M. le Sous-préfet les 2 mai 1900 et 7 mai 1900
- Le rapport de M. le Commissaire spécial adressé à M. le Sous-préfet le 12 septembre 1900
font état de cette grève.

Origine de la grève
Elle est déclenchée le 1er mai 1900 à 5 heures du matin ; de jeunes ouvriers français demandent l’égalité des salaires avec les mineurs étrangers.
« Les 200 ouvriers français qui travaillent aux mines de fer de las Indis se sont mis en grève. La veille, le30 avril, vers 5 heures, au moment où les ouvriers français entraient dans la cantine ouvrière, les ouvriers grecs ont sifflé et poussé des cris comme ils le font habituellement… »
C’est le détonateur qui va permettre aux ouvriers français, qui ne sont pas syndiqués, le syndicat ne sera formé qu’en 1905, de faire prévaloir les revendications suivantes, par une pétition envoyée au Préfet signée par 236 ouvriers
- Egalité des salaires entre ouvriers français et étrangers ; « ces étrangers gagnant de 4f,20 à 4f,75 par journée, les dénommés ci-après au nombre de 236 qui ne sont payés qu’à 3f,25 à 3f,75 pour les mineurs et 2f,75 à 3f pour les manœuvres, estiment qu’il est de leur devoir d’amour-propre d’être rangés, quant au salaire, au rang des étrangers quels qu’ils soient. »
- Diminution du nombre d’ouvriers étrangers, « …un pourcentage réglementaire des ouvriers étrangers à pouvoir employer aux mines …»
- payement de la solde à la mine du 10 au 15 de chaque mois au lieu d’Arles
- « qu’il soit interdit aux ouvriers de porter des armes dans la mine »
La délégation des mineurs est formée par : Jean Tourné, Jean Guisset, Michel Maillard, Jean Baux jeune, Pierre Soler, Sauveur Délos

Noms et prénoms des ouvriers signataires de la pétition envoyée au Préfet le 1er mai 1900


Arqué Jean
Arqué Joseph
Arqué Joseph
Aumangau Damien
Ausseil Jean
Austaller Joseph
Ayax Jean
Barbe Joseph, père
Barnades Jean
Barnades Joseph
Beaux Jean, jeune
Beaux Michel
Beaux Pierre
Bêtre Joseph
Boher François
Boher Pierre
Bonel Emile
Bonel Jean
Bouchède Jean
Bouix Abdon
Bouix Etienne
Bourrat Jean
Bousquet Michel
Bousquet Sylvestre
Bousquet Sylvestre
Calvet Ferréol
Calvet Jean
Calvet Joseph
Calvet Michel
Calvet
Carbonne Barthélemy
Carbonne Pierre
Carbonneil Jean
Carbonneil Joseph
Carrère Ferréol
Cassany Ferréol
Cassou Joseph
Cassou Pierre
Casteil Joseph
Charaulier Jean
Claret Michel
Colomé Michel
Coste Antoine
Coste Jean
Coste Joseph
Coste Joseph
Coste Joseph
Coste Thomas
Coste Martin
Costesèque Jean
Coudine Joseph
Courdomy Jacques
Courdomy Joseph
Courset
Deills
Delclos Jean
Delclos Louis
Delclos Michel
Délos Michel
Délos Michel, fils
Délos Sauveur
Dunyac Jacques
Dunyac Michel
Elan François
Escofet Pierre
Estève Sylvestre
Estève Sylvestre
Estève Victor
Ferras Jean
Fex Abdon
Fex Laurent
Figuères Joseph
Figuères Laurent
Figuères Philippe
Fite Jacques
Fite Jacques
Fite Jean
Fitte Sauveur
Fons Alphonse
Fourné Edouart
Fourquet Jean
Galy Antoine
Galy Laurent
Garrigue Joseph
Garrigue Vincent
Gaspart Jacques
Gource Martin
Gource Martin
Gourda Simon
Gourdiole Pallade
Grimo Antoine
Grimo Jean
Guisset Jacques
Guisset Jean
Guisset Joseph
Guisset Jules
Jouanole Augustin
Juanole Michel
Justafrai Pierre
Laguerre Augustin
Laguerre François
Laguerre Jean
Laguerre Marc
Lasporte Eugène
Lassale Dominique
Lladères Paul
Llens Abdon
Llères Jacques
Llères Jean
Llory Gaudérique
Llory Joseph
Llory Michel
Lurine André
Madern Jean
Madern Jean
Magenty Mathias
Maillarac Jean
Maillard Michel
Malé Joseph
Malé Joseph
Malé Joseph
Maler Gracia
Marfin Baptiste
Marfin Jean
Marfin Jean, jeune
Marfin Pierre
Mary Bernard
Mary Félix
Mary Louis
Mary Vincent
Maynéris Pierre
Mazardo Raphaël
Merlat Michel
Mestres Dominique
Mestres Jean
Mestres Michel
Moine Baptiste
Moly Jean
Moly Jean
Moly Julien
Moly Michel
Mothe
Mothe
Mothe
Nival Henri
Nou Commes
Nou Commes
Nou Jean
Nou Joseph
Nou Joseph
Oliver Philippe
Oliveres Louis
Olivères Joseph
Oms François
Oms François
Oms Jacques
Oms Jean
Oullou François
Oullou Hipolyte
Oullou Mathieu
Ourtous Jean
Ourtous Martin
Pacouil Jacques
Pacouil Joseph
Pacouil Joseph
Pagès François
Palmade Jean
Panicot Jean
Paraire Jean
Paraire Martin
Peytavy Michel
Peytavy Jean
Peytavy
Piquemal Jacques
Piquemal Jean
Piquemal Jean
Piquemal Michel
Planes Jean
Planes Joseph
Pompidor André
Pompidor Antoine
Pompidor Jean
Ponset Jean
Ponsole Jean
Puigségur Emmanuel
Puigségur Jacques
Puigségur Jean
Puigségur Joseph
Puigségur Louis
Pujol Jean
Pumarède Michel
Quintane Jacques
Ribaud Etienne
Ribes Joseph
Ricart Joseph
Rigaill Joseph
Romeu François
Romeu Jacques
Romeu Jean
Rossignol Jacques
Rouget Richard
Rumèbe Antoine
Rumèbe Sébastien
Rumèbe
Rustany Jacques, fils
Rustany Sadurnin
Sageloly Jean
Sageloly Mathias
Salanes Sylvestre
Saqué Jean, fils
Saqué Jean, père
Sens Louis
Sicre André
Sicre Jean
Soler Pierre
Souribes Paul
Teill Jean
Tex François
Tex Vincent
Thubert Jean
Thubert Thomas
Tisserand Emmanuel
Tixador Sauveur
Tourné Jean
Troc Augustin
Tudine François
Vaills Pierre
Vidal Antoine
Villacèque Pierre
Villalongue Michel
Villalongue Vincent
Villelongue Augustin
Villelongue Jacques
Xatard Joseph
Xatard Pierre

 

 

Déroulement des actions
Le mouvement est assez important pour que
- M. Monin, en villégiature à Paris, écourte son séjour, et annonce son retour pour le 2 mai au soir
- Le brigadier de gendarmerie demande en plus de la brigade à cheval, une autre brigade.
Le 2 mai, la grève est générale pour les ouvriers français « Bien que l’ordre n’ait cessé de régner, M. le Sous-préfet a requis 2 gendarmes pour porter l’effectif au nombre de 15. Dix gendarmes se trouvent actuellement sur les lieux et 5 autres sont à Arles, prêts à monter »
La situation reste calme, mais le travail ne reprend pas. Les ouvriers étrangers doivent s’arrêter de travailler par suite de la suspension des travaux.
Des propositions patronales sont formulées, à savoir :
- payement des ouvriers à la tache pour tous les travailleurs, sans distinction d’origine
- remplacement des mineurs étrangers au fur et à mesure de l’arrivée de mineurs français
- le solde sera fait à la mine
Ces propositions sont acceptées, d’autant plus qu’elles sont assorties d’une augmentation de salaire.
La grève prend fin le 7 mai 1900, sans incident

Bilan et conséquences
Le seul patron qui ait été touché a été M. Monin sur le site de las Indis
Le mouvement a été suivi par 100 grévistes sur 150 mineurs et par 200 grévistes sur 350 manœuvres ( rapport du commissaire au Préfet)
En marge de ce mouvement corporatif on découvre qu’une atmosphère particulière pèse sur le site au point que le Commissaire n’hésite pas à écrire le 12 septembre 1900 « Les rapports entre ouvriers français et étrangers sont bons mais il existe un certain antagonisme entre les ouvriers grecs et italiens ». Il note aussi « Les ouvriers grévistes des mines de Fillols au nombre de 24, qui travaillaient aux mines des las Indis depuis le 20 août dernier, ont quitté Batère dans la journée du 10/9 courant pour retourner prendre du travail aux mines de Fillols. »

Des mésententes éclatent parmi le personnel administratif, toujours dans le rapport du 12 septembre 1900, on lit : « M. Rodet, ingénieur aux mines de las Indis, a résilié ses fonctions et quitté définitivement son service parce que M. Monin n’a pas donné une suite favorable à la demande de renvoi du comptable M. Balança
Aucun ingénieur n’a encore remplacé M. Rodet ; c’est M. Bégué, 1er maître mineur, qui a pris provisoirement la direction du service et qui a rempli les fonctions d’ingénieur …
Il est bon de rappeler que M. Bégué n’est pas bien vu par la plupart des ouvriers français et que c’est sa partialité et ses préférences pour les ouvriers étrangers qui ont été la cause de la grève qui a éclaté le 1er mai dernier. Je crois savoir que les rapports entre M. Bégué et les gendarmes du poste de Batère sont très tendus »

Le 16 avril 1901 le poste de gendarmerie installé à las Indis est supprimé par décision de M. le ministre de la Guerre car « la population de Corsavy considérait les gendarmes détachés à Batère comme les gardes particuliers des intérêts de M. Monin »

Au cours de cette grève des préoccupations surgissent à la cantine au point que M. le sous-préfet en informe M. le Préfet, le 10 mai 1900
« Au cours de la grève qui a eu lieu ces jours derniers aux mines de Batère, les ouvriers se sont vivement plaints d’avoir à payer à la cantine des mines le tabac à un prix supérieur au prix légal. Ayant demandé des explications sur ce fait au cantinier, M. Sala, ce dernier m’a répondu que la majoration de 5 centimes par paquet de 0,50 était nécessaire pour couvrir les frais de transport de Corsavy à la mine.
Sans doute cette raison est fondée jusqu’à un certain point, quoique le transport du tabac à la mine se fasse sans frais particulier en transportant les autres denrées ; mais on conçoit très bien que le tenancier de la buvette ne veuille pas se charger de la vente de tabac sans une rémunération quelconque.
Comme par ailleurs il ne parait pas admissible que les 450 ou 500 ouvriers qui vivent aux mines soient obligés de payer le tabac à un prix supérieur à celui que paient las autres travailleurs, il me tarait absolument nécessaire de remédier à cet état de choses, que pendant la grève j’ai pris l’engagement de faire cesser.
Je crois que le meilleur moyen serait la création à Batère d’un sous débit relevant du débit de Corsavy. La titulaire, Mme Sala, veuve d’un déporté de 1852 et absolument digne d’intérêt, ne perdra rien à cette modification puisque tout le tabac vendu aux mines sera acheté chez elle et que payant le tabac 0,50 francs les ouvriers, au lieu de se munir à Prats, St Laurent, Coustouges, etc. . lorsqu’ils vont, le dimanche, dans leurs familles, s’approvisionneraient uniquement au sous débit ; ce qui ne pourra, au résultat, qu’augmenter les remises définitives du débit de Corsavy »

La grève de 1905
En 1905 le mouvement reprend à Batère

C’est par une correspondance, en date du 18 mai 1905, adressée par M. Monin à M. Jules Deit, maire de Corsavy, que l’on découvre que les « turbulences » qui secouaient en 1901 le personnel de la mine étaient toujours de mise. Il semblerait même qu’une plainte ait été déposée par les mineurs auprès de M. le Maire puisque M. Monin se justifie : « Au reçu de votre lettre, j’ai vérifié si les gens de Corsavy, et en général les gens du pays, étaient moins bien traités que les étrangers, et si l’on fait des préférences à ces derniers.
Les bons chantiers, et notamment celui donné à Casso, sont attribués aux mineurs de Corsavy. Le prix d’une journée de 8 heures est de 4 francs 52 pour les ouvriers mineurs du pays, de 4 francs 40 pour les étrangers, quoique ces derniers aient donné un plus grand rendement que les premiers, et malgré des conditions plus désavantageuses…
Quant à la répartition des ouvriers :
Etrangers Indigènes
Chantier Rompardis 41 10
Roques Nègres, intérieur 12 12
Las Indis, intérieur 7 20
A l’extérieur, au ciel ouvert, tous les gens du pays, manœuvres qui se présentent quoique irrégulièrement et suivant les convenances de leur travail agricole, sont employés sans exception. »
Puis suit une longue diatribe contre les mineurs de Corsavy : « Les mineurs de Corsavy, indisciplinés, veulent en faire à leur tête, ce qui ne peut se concilier avec une exploitation méthodique industrielle. Je paie l’ouvrier plus cher que toutes les mines voisines ; à la Pinouse le salaire est inférieur de 50 centimes pour la journée de 10 heures au lieu de 8 heures chez moi.
Les gens indisciplinés, piètres mineurs, comme ceux de Corsavy, peuvent trouver le chef d’exploitation M. Baujou sévère.
Si les ouvriers mineurs de Corsavy, très exigeants, veulent nous créer des difficultés, entraver la marche de l’exploitation qui a apporté le bien-être et l’aisance dans le pays, nous tacherons de nous passer d’eux »

Le refus de M. Monin est catégorique. Un dialogue de sourds semble s’installer d’autant plus que M. Monin reconnaît la présence d’ouvriers étrangers qui découle de l’incapacité de la main d’œuvre locale : « J’ai été obligé de faire appel à la main-d’œuvre étrangère car je n’en trouve pas dans le pays, apte au travail de notre mine. Si je n’avais pas d’étrangers, je devrais fermer la mine demain »

M. le Maire de Corsavy a-t-il transmis cette réponse aux mineurs ? Nous n’avons pas de documents permettant de l’affirmer ou de l’infirmer.

Les ouvriers des mines de Batère qui habitent Corsavy, ne s’étant pas rendus à leur travail sans autorisation les 11, 12 et 13 novembre à l’occasion de la St Martin, fête de Corsavy, le chef d’exploitation les met à pied pour 3 jours.
Les ouvriers de Corsavy prennent alors l’initiative de former un syndicat ; les statuts sont déposés à la mairie de Corsavy le 19 novembre. Il est signé par : le Président Jacques Casso, mineur, le vice-président François Ouillou, mineur, le secrétaire Marc Bassou, mineur, le secrétaire adjoint Michel Maillard, mineur, le trésorier Jean Loubet, boisier. Les ouvriers syndiqués s’assurent l’appui des ouvriers du câble

Le 20 novembre 1905 le Commissaire spécial transmet à M. le Préfet un rapport inquiétant sur un mouvement gréviste qui commence à se dessiner. Les ouvriers syndiqués, qui comprend 70 ouvriers, déclarent qu’ils se mettront en grève à la première occasion et veulent demander le renvoi du chef d’exploitation et une augmentation de 0,25 francs
« M. Monin craint un mouvement gréviste qui commence à se dessiner. Ils vont, parait-il, demander le renvoi des ouvriers étrangers qui sont en trop grand nombre, et le remplacement par des ouvriers du pays
Or, le directeur des mines déclare qu’il ne pourra en aucune façon accéder à la demande des ouvriers syndiqués pour la seule raison que les indigènes ne sont pas aptes à travailler à la mine, dans les galeries souterraines …
M. Monin me parait avoir sur ce point des idées très arrêtées et n’est pas du tout disposé à vouloir donner satisfaction aux revendications des syndiqués. La grève peut donc être déclarée d’un jour à l’autre, et comme il est certain que les ouvriers français voudront empêcher les étrangers d’entrer dans la mine, M. Monin craint à ce moment des collisions sanglantes
A cet effet, il demande le rétablissement du poste de gendarmerie …
Il me semble que le rétablissement du poste serait un défi porté à la population ouvrière de la mine et serait de nature à surexciter les esprits. J’estime qu’il sera toujours temps de faire monter à Batère une partie de la brigade d’Arles dans le cas où la grève viendrait à se déclarer »

Le danger est grand pour M. Monin, qui, le 11 décembre, décide la révocation de 4 minerons parmi lesquels Casso, président du syndicat accusé de manquement à la parole donnée à la réunion d’Arles du 26 novembre en cherchant à fomenter une grève. Celui-ci proteste et affirme avoir seulement communiqué suivant son droit et dans un but de propagande syndicaliste les statuts du nouveau syndicat à quelques camarades. M. Monin part le soir même pour Paris ; et M. Pouget va momentanément le remplacer

Le 12 décembre la grève éclate dans la matinée ; elle va durer jusqu’au 19 décembre ; elle échoue
Les grévistes réclament le renvoi du chef d’exploitation et coupent dans la nuit les fils téléphoniques. La brigade d’Arles et le capitaine d’arrondissement se rendent sur les lieux. Le lendemain, 30 gendarmes sont sur les lieux Les grévistes demandent la réintégration de Casso,
Le 14 décembre les syndiqués décident de demander que Casso soit admis à faire la preuve qu’il n’a pas manqué aux engagements pris à la réunion d’Arles. M. Deit, maire de Corsavy, arrive à Batère et propose l’arbitrage du juge de paix, ce qui est accepté. M. le Préfet envoie un télégramme au commissaire spécial pour le presser d’inviter au calme
Le15 décembre la ligne téléphonique est rétablie. M. Bazerbe, de la Bourse du Travail de Perpignan, vient faire une conférence avec les syndiqués. M. Pouget, représentant M. Monin, refuse de le recevoir
Le 16 décembre c’est le point culminant de la grève
Les grévistes présentent de nouvelles revendications en 11 points
- réintégration de Casso ( demande déjà formulée)
- création de 4 nouveaux chantiers français à l’intérieur de la mine ( observation : sur 35 chantiers, la mine ne compte actuellement que 5 chantiers français )
- classement comme mineur de tout élève mineur ayant accompli, à l’intérieur de la mine, une période de 1 à 2 ans
- partir de 3 francs à 3,50 francs la journée selon leurs aptitudes pour le taux de salaire des manœuvres
- lorsque le travail intérieur de la mine l’exige, prendre à tour de rôle les ouvriers travaillant à l’extérieur ; tout ouvrier nouvellement embauché ne pourra être occupé qu’aux travaux extérieurs
- en cas d’intempéries, si l’ensemble des ouvriers travaillant à l’extérieur ne peut être occupé, établir un tour de rôle
- tout ouvrier appelé sous les drapeaux sera réintégré
- toute absence motivée ne pourra faire l’objet d’amende ou de mise à pied
- embauchage sans distinction de nationalité
- renvoi du chef d’exploitation
L’accord est donné sur 9 points ; mais il reste un désaccord sur le 1 ( réintégration du mineur Casso) et sur le 11 ( renvoi du chef d’exploitation)
Une demande de réunion plénière des ouvriers est provoquée par M. Pouget. MM. Bezombe et Escudié n’y adhèrent pas. M. Pouget donne à 3 heures une conférence avec ouvriers étrangers. La direction décide la reprise du travail pour le 18. L’arbitrage du juge de paix est refusé par les grévistes.
Le 18 décembre, le mouvement continue
Les grévistes, très calmes, se sont massés devant les galeries de la mine dès 6 heures du matin. ;ils ne cèdent pas la place. La situation est critique « Il aurait fallu les enlever individuellement, prendre d’assaut à la baïonnette leurs positions, et il était certain qu’ils se défendraient et que la lutte serait chaude. Nous avons demandé 150 hommes de troupe » écrit le capitaine de gendarmerie. A 9 heures, les négociations aboutissent à l’acceptation par les grévistes de l’arbitrage de M. Le Préfet sur la question de savoir si le renvoi de Casso est légitime ou non. Reste à avoir l’acceptation de M. Morin.
Le 19 décembre, les grévistes du poste du matin reprennent le travail à part 3 ou 4 qui se sont fait porter malades. Le câble fonctionne dans la journée. M. Monin n’a pas encore répondu.
Le 21 décembre, une douzaine d’ouvriers syndiqués se réunissent ; parmi eux se trouvent Bassou, Loubet et Tourné, en l’absence de Casso. Ils décident de ne plus écouter celui-ci et de continuer le travail.
Le travail continue normalement ; on attend la réponse de M. Monin
Le 22 décembre, comme M. Monin n’a pas donné suite aux différents télégrammes, M. le Préfet le met en demeure d’avoir à lui répondre. Les ouvriers n’ont repris le travail que sous promesse d’arbitrage du Préfet. Casso est reparti à Corsavy ; il parait sacrifié par ses amis
Le 23 décembre à 11 heures, retrait des forces de gendarmerie ; sur 30 gendarmes, seuls 9 hommes restent à Batère. La situation, en effet, est très calme ; le travail continue depuis le 18 d’une façon normale, et tout est calme ; les ouvriers se désintéressent du renvoi ou du maintien de Casso
Le 24 décembre tous les ouvriers français quitent la mine pour se rendre dans leurs familles afin de fêter Noël. Beaucoup d’ouvriers étrangers descendent aussi à Corsavy et à Arles
Le 26 décembre, le travail reprend pour les ouvriers étrangers. Les ouvriers français n’ont pas encore réintégré la mine.
Le 27 décision de M. Monin : Casso est renvoyé, malgré l’arbitrage du Préfet qui demandait sa réintégration. Les ouvriers syndiqués ont abandonné la cause de leur camarade Casso. Le travail reprend
Le 28 décembre les gendarmes peuvent quitter Batère ; le travail est régulier, la situation est calme

1905-1908

1905 145 mineurs 27 aide-mineurs
1907 112 mineurs 54 aide-mineurs
Les mineurs étrangers sont logés à la mine même dans des habitations séparées pour chaque nationalité. Il en est de même pour les Français qui ne sont chez eux que les jours de repos et les jours fériés.
En 1908, les salaires sont sensiblement les mêmes que ceux de 1905
Aucun ouvrier espagnol travaillant à Batère ne s’est conformé à l’arrêté du 25 juin 1887 et à la loi du 8 août 1893 qui stipule : « Tout espagnol ne doit être admis à s’établir et à séjourner dans le département des Pyrénées-Orientales que s’il est porteur d’un certificat d’immatriculation délivré par le Consul d’Espagne à Perpignan »

Le nombre d’ouvriers syndiqués en 1908 est d’environ 60 à 70, y compris quelques Espagnols

Le dimanche 3 octobre 1906 à 4 heures du matin un attentat à l’explosif a lieu contre la maison de direction où réside M. Baujou chef d’exploitation. Les dégâts matériels ne sont pas importants ; on dénombre une seule victime: c’est la bonne de M. Baujou, blessée au visage par des éclats
M. Monin en profite pur réclamer le rétablissement du poste de police afin de maintenir l’ordre et de protéger les « 430 ouvriers dont la moitié sont étrangers italiens et espagnols, agglomérés avec leurs familles en partie à 1500 m, éloignés d’une lieue et demi de tout village »
Il est de toute nécessité qu’un poste de police soit créé à Batère »

Le 28 février 1907 le poste de gendarmerie de 3 hommes, est rétabli à las Indis

En 1908 est crée la « Société Civile de Batère » pour l’exploitation des mines de fer de Batère et de las Indis
« J’ai l’honneur de vous informer que j’ai constitué avec la Société de Commentry-Fourchambault et Decazeville une société civile pour l’exploitation des mines de fer de Batère et de las Indis. Le siège social est 16, place Vendôme à Paris »
signé Monin

Distances, soit par routes carrossables, soit par sentiers praticables qui séparent Batère des communes de
-Taulis sentier : Tour de Batère, métairies de Martinet et Mas Nou 9 km
-La Bastide sentier : col del Pey, col d’en Tillet, col Paloumère 8 km 500
sentier : Tour de Batère, mas de la Toure, Serramitja, puis ancien chemin vicinal 10 km
- St Marsal sentier : Tour de Batère, chemin d’exploitation du mas de la Toure, col Flourenti, l’Ouratori 10 km- - Corsavy route de grande communication n° 3 16,500 km
sentier : le Forge, mas Pinous, puis sentier du câble aérien 7 km
- Arles-sur-Tech route passant par Corsavy 22,500 km
sentier du câble aérien, la forge d’Arles, les Bigues, le mas des Abadies, le Frexe, Vilalte, les Bigourrats 11 km
- Montferrer route : Corsavy, Arles, la Palme, l’Olivette 33 km
sentier : mas de la Sourde, can Robert, Léca, Madeloch d’avail, le Castell 12 km
- Prats de Mollo route : Corsavy, Arles, Le Tech 40,500 km
sentier : Montferrer, Col de Sous, le Baynat d’en Coume, le mas de la Figuère 25 km
- Le Tech route : Corsavy, Arles 33,500 km
sentier : Montferrer, le baynat de la Miseri, la Vallée d’en Nadal, la métairie de Cos, celle de Ste Cécile 19 km
- St Laurent de Cerdans route 37 km
sentier : Montferrer, La Roque, Mas Maurès, Can Paillary 24 km
sentier : Montferrer, La Roque, Mas Maurès, Manyaques, le Sagué 22 km
- Serralongue route 39,500 km
sentier : Montferrer, le Tech, sentier du Tech à Serralongue 19 km
- Coustouges route 41 km
sentier : St Laurent de Cerdans 26 km
- Lamanère route 46,500 km
sentier : le Tech, la Couillade, rive gauche de la rivière de Lamanère 26,500 km

1908

le 22 février
Il semble qu’il y ait des rumeurs de grève pour
- augmentation de salaires des manœuvres de 0,25 centimes
- un avancement plus rapide des manœuvres pour le grade de mineurs

L’ alimentation en charbon du four à grillage de Batère entraînant des frais de transport trop élevés les nouveaux fours sont installés à Arles- sur-Tech en 1915,

En 1916 deux décrets du 9/3 ont institué par voie de fusion et extension les 2 concessions de mines de fer de Batère et de las Indis

Le 26/1/1917, A 14 heures, aucun ouvrier n’est disposé à entrer dans la mine. Après discussion, les ouvriers mobilisés et ceux du pays sont rentrés ; chez les Kabyles, 6 ouvriers font défection. Les ouvriers espagnols, au nombre de 21, ont refusé de reprendre le travail
Le 27/1 A la relève de 6 heures, 53 ouvriers manquent à l’appel
M. fradier, directeur de la mine, convoque les délégués de toutes nationalités ; il promet une augmentation de salaire à partir du 1er février, et la promesse de s’occuper du prix des denrées trop élévé au dire des ouvriers

Le 28/4/1918, réunion du syndicat dans un champ, en plein air à 200 mètres de la cantine Claret. Le nombre d’adhérents au syndicat est de 125. il est décidé, étant donné la situation, de ne pas manifester pour le 1er mai
.
1918 sonne le glas des mines de fer catalanes. La forge tombe en ruine tandis que le Canigou se referme sur ses mines Au mois de mai 1921, la Société Civile des mines de Batère cesse tous travaux. En 1924 la Société anonyme de Batère écrit « Nous avons suspendu notre exploitation par suite des circonstances économiques et, avant de prendre cette décision nous avons maintenu notre activité pendant de longs mois, en stockant tous nos produits au-delà des emplacements normaux dont nous disposons, espérant une amélioration des prix de vente qui n’est pas venue. Vous connaissez mieux que personne les difficultés particulières de notre Mine de Batère, tant en raison de la forme et de la nature du gisement que de son altitude élevée. Toute l’exploitation y est faite par travaux souterrains rie trouvant plus une compensation dans des travaux en carrières. De plus, pratiquement, nous n’avons plus d’hématite; toute notre production doit donc passer au grillage, entraînant ainsi une perte de poids de 30 %. »
Parmi les doléances revient la question du prix des transports : « Enfin les aggravations des prix de transports nous ont rendu les ventes très difficiles, notamment celles à l’exportation »
Année 1919 Année 1920
Nombre total d’ouvriers...... 108 112
Ouvriers Français habitant Corsavy... 47 36
Ouvriers étrangers.. habitant Corsavy.............. 38 59

12 26/8/1919
la grève a lieu du 19 août au 25 août 1919
A aucun moment l’ordre n’a été troublé. Sur 107 mineurs, 91 mineurs se sont mis en grève le 19 août, les 16 autres sont des chefs d’exploitation, de chantier ou de poste. Sur les 107 employés à la mine, une quarantaine sont de nationalité française, les autres sont étrangers, presque tous espagnols.
Ils demandent
1. augmentation de salaire de 2,50 franc spar jour
2. ouverture de la cantine de 5 à 10 heures du matin
3. diminution du prix de vente des denrées à la cantine
Le 22 août, 32 français sont grévistes ainsi que 19 étrangers, 50 presque tous espagnols ont quitté la mine et sont allés s’embaucher ailleurs ou sont rentrés en Espagne. Las autres ont repris le travail sans avoir obtenu satisfaction à aucune de leurs revendications

le 24/7/1924
délibération du conseil municipal de Corsavy en vue de la reprise des travaux d’exploitation
maire Joseph Fondecave
présents : Michel Vilelongue, adjoint, Jean Dunyach, Martin Ourtous, François Coste, Barthélemy Planes, Pierre Payrou, Alexandre Pons, Martin Pons, Joseph Barnèdes
absents : François Sala, Jean Maillard
« Au mois de mai 1921, la Société Civile des mines de Batère cessait tous travaux. Notre population, aux trois-quarts ouvrière, se voyait ainsi privée de gagne-pain. Il lui fallait songer à chercher du travail. La population municipale alors de 881 habitants tombait au dernier recensement à 548. Depuis la population a été sans cesse en décroissance. Bon nombre d’ouvriers sont restés cependant au village grâce aux travaux de la Llau ( entreprise Ecoiffier). Ils n’ont pas hésité à laisser leur famille au village pour aller bien loin chercher péniblement leur salaire, en attendant la reprise de travail aux mines de Batère. Cette situation dure depuis plus de 3 ans et les travaux de l’entreprise Ecoiffier à la Llau touchent à leur fin. Que vont devenir nos familles ouvrières ? Il y a lieu de songer à l’avenir de Corsavy... »

Le 29 octobre 1931, 15 ouvriers sont congédiés pour cause de chômage. Depuis le 15 juin ils ne travaillent que 3 jours par semaine. Le personnel de bureau a été aussi congédié. Il restera pour l’entretien des mines 4 surveillants, de plus le cantinier et l’instituteur avec leur famille..

En 1932, fermeture des travaux d’exploitation

En 1933 la Société anonyme des mines de Batère écrit au M. le Sous-préfet de Céret
« ...Les conséquences de la crise économique actuelle dont l’activité va croissant nous ont contraint à réduire l’entretien de nos installations... Nous savons que cet entretien avait pour corollaire le pain assuré pour quelques familles de Corsavy dont la population décroît par suite de l‘absence de tous lieux d’activité, partant de revenus.
Après préavis, nous avons licencié au 31 janvier, 2 ouvriers :
Un français, M. Jean Delclos. Cet ouvrier est présentement à la charge de notre Société de Secours qui lui assure sans la limite de ses statuts le 1/3 du montant de sa journée de travail. M. Delclos exploite à Corsavy un petit commerce (débit de boisson et épicerie)
Un français d’origine italienne, M. Antonio Taddeï, père de 6 enfants respectivement âgés de 17, 15, 14, 13, 11 et 7 ans. Nous avons fait nous même des démarches, qui ont abouti, pour lui trouver un travail
D’autre part, nous avons donné préavis à un employé français, M. Jean Courdomy, ancien comptable. Cet agent réalise les années de service suffisant pour lui donner droit à 55 ans au maximum des retraites de mine
Nous n’avons conservé à Batère que 2 ouvriers, dont 1 surveillant, qui coopèrent tous deux à l’entretien des travaux :
1 français d’origine espagnole, naturalisé, marié, M. Emmanuel Valverde, à notre service depuis 1906, habite Velmanya où il se rend chaque semaine par la montagne
1 espagnol en instance de naturalisation, célibataire de 43 ans, M. Michel Marty, seul ouvrier ayant son domicile réel à Batère où il réside toute l’année, tandis que les autres regagnent leur domicile respectif chaque samedi et ne remontent à l’exploitation que le mardi suivant. Dans nos colonies ouvrières Pinouse et Batère, éloignés de tous lieux habités et où la vie est particulièrement rude, nous l’avons utilisé depuis 1915... En outre cet ouvrier possède une motocyclette et pourrait ainsi éventuellement en cas d’accident ou de maladie et en toutes circonstances, faire rapidement appel à un praticien... »

le 21/1/1933 le Maire de Corsavy écrit au Préfet
« ... Il est vraiment inadmissible de voir donner la préférence à 2 ouvriers d’origine étrangère, alors que, de tout temps, c’est la commune de Corsavy qui a fourni la majorité du personnel des Mines de Batère... »

le 3/2/1933 le Préfet écrit au Sous-préfet de Céret
« ... Je vous serai obligé de vouloir bien procéder à une enquête sur cette affaire... afin que les ouvriers français soient maintenus aux lieu et place des étrangers... »

l’Indépendant 1984
« A partir de 1946: les premiers essais de chambre magasin sont mis en place et se sont poursuivis avec d’importantes améliorations jusqu’à ce jour. La pente favorable, en moyenne 40° favorise la descente des produits. Le principe adopté, en raison de la dureté du minerai et de tenue des épontes en général, est celui des piliers abandonnés. Il consiste à abattre, à l’explosif, le minerai en remontant dans le gisement entre deux galeries de niveau préalablement tracées, en laissant des piles de minerai du mur au toit, ces piles de minerai étant récupérées en grande partie lors de l’évacuation des produits abattus. Dans les zones douteuses, les mineurs sont amenés à boulonner, parfois même les piliers. Il s ‘agit de tiges filetées réparties sur les voûtes (ou parements) pour assurer la cohésion des strates ou blocs fissurés »

1953
De nouveaux bâtiments sont construits au niveau 1750 avec cantine et école


1984
Sur un effectif de 55 personnes, à peine une trentaine descendent au fond, seulement 18 mineurs sont effectivement à l’extraction du minerai. Huit heures par jour. cinq jours par semaine
Dix-huit mineurs. 120 000 tonnes de minerai par an.
Salaires Il y a trop de différence entre les salaires et ceux des mineurs de l’Est : de 1500 à 2000 F pour la même catégorie . A titre d’exemple, un mineur de 6° catégorie gagne 5 600 F brut (5 100 F net) à Batère tandis qu’il toucherait 6 800 F brut à Judre-ville, Le problème est particulièrement crucial pour les ouvriers « de jour », c’est-à-dire ceux qui ne travaillent pas au fond de la mine. Avec 29 ans d’ancienneté un employé au grillage sur le carreau d’Arles-sur-Tech gagne 4 810 F net, toutes primes comprises. « L’an dernier, 160 millions de centimes ont été investis dans de nouveaux travaux, un bâtiment a été vendu 40 millions de centimes, Pas un sou n’a été dépensé pour améliorer nos conditions de travail», dit un délégué
Production. Pour Guy Fabre, l’ingénieur, Batère est rentable. « le rendement est bon, de l’ordre de 25 tonnes an moyenne par jour, 40 tonnes par mineur de fond. Dans la nouvelle tranche de travaux que nous exploiterons si les crédits nous sont accordés, il y a une réserve certaine de 900 000 tonnes de minera, les réserves probables du gîte sont de l’ordre de 2 millions de tonnes, soit une garantie d’activité de 12 à 15 ans. Notre minerai est d’excellente qualité et il n’est pas cher ».
Transport. En 1978. pour 100 F de minerai qui lui étaient livrés, Decazeville devait payer 50 F de transport à la S.N.C.F. (trajet de Céret à Decazeville en train). Aujourd’hui, pour 100 F de minerai il faut ajouter 105 F de port. De plus, le transport en camion de Batère à Céret (assuré par la Sté Vaills), en passant par Arles-sur-Tech revient cher. Les prévisions de trésorerie des mines de Batère pour 1985 font état à la colonne dépenses d’une somme de 690000 F de frais de transports. Il serait certainement moins coûteux d’acheminer ce minerai par train d’Arles à Céret, mais la voie a été emportée par les inondations de 1940. Le maire actuel d’Arles, M. Charlet. fait remarquer que « l’ancienne municipalité, dirigée par Baptiste Pams sur lequel un transporteur privé devait avoir de l’influence, s’est bien gardée d’intervenir pour faire reconstruire la voie ». D’autre part, Georges Malet, le directeur, fait remarquer qu’à Amélie-les-Bains, « on s’est empressé de vendre tout le plateau S.N.C.F. où des immeubles ont été construits. Si bien que même si l’on voulait rétablir la voie, cela serait impossible ».
L’action des élus. Le conseil municipal d’Arles-sur-Tech s’est engagé à orienter ses démarches « dans le sens de sa survie des mines et de leur modernisation » Le maire Marcel Charles, le député Renée Soum, Jacqueline Alduy conseiller général, sont promptement intervenus au ministère du Redéploiement industriel où ils ont accompagné le directeur Georges Malet. Cette unanimité est somme toute rassurante...
Horizon national et international. Sur le plan national, il existe un plan « Ascométal » qui, s’inscrivant dans la ligne du plan Fabius et concernant la production d’aciers spéciaux en France, prévoit la suppression de 4.000 emplois sur un total de 10 000 dans «Ascométal », filiale commune d’Usinor et Sacilor, en voie de constitution. « La fermeture de l’usine ultramoderne d’Ugine-Fos. figure dans les grandes orientations retenues par Ascométal », rapportait récemment I’A.F.P.
Le plan a été officiellement transmis à la commission de Bruxelles et le ministère de l’industrie s’en est félicité : « La France est dans les temps vis-à-vis de la C.E.E. et respecte scrupuleusement la logique du plan Davignon ».Les sociétés concernées par « Ascométal » sont la S.A.F.E. (Compagnie des aciers fins de l’Est), la S.N.A.P. (Société nouvelle des aciers de Pompey), Ugine Acier, et la C.F.A.S... qui a repris Decazeville où Batère vend les 2/3 de sa production. Sur l’injonction de Washington, la C.E.E. vient de décider de réduire les importations européennes de tubes d’acier vers les Etats-Unis.
La fermeture
Le 18 juin 1987, la Société d’Exploitation de Decazeville et la Société anonyme de Batère déposent leur bilan. L’exploitation de la dernière mine du Canigou s’arrête officiellement le 1er décembre 1987

1994
Malgré la qualité du minerai, les difficultés d’exploitation et l’éloignement des industries utilisatrices, entraînant des frais de transport élevés, ne permettent plus de maintenir une rentabilité suffisante. Pour liquider les stocks de minerai qui restaient accumulés, la mine laisse la concession ouverte pour alimenter les hauts-fourneaux de Decazeville et Fos-sur-Mer jusqu’en 1994