Depuis l' été 2004, le Haut - Vallespir se mobilise pour s' opposer au projet EDF-RTE.
Compte tenu de la solidarité entre États européens et compte tenu d' un accord passé entre la France et l Espagne, EDF doit fournir de l' électricité à l' état espagnol déficient.

Le citoyen français est l' heureux gagnant de cette tractation : grand pourvoyeur des fonds et de l' énergie, il reçoit en prime, les redoutables installations sur son territoire. Mais l' implantation de ces lignes le long des Pyrénées soulève la désapprobation des populations locales : RTE doit choisir un passage parmi les endroits les plus reculés, les plus déshérités de la chaîne, et c' est ainsi que le Haut-Vallespir est impliqué dans l' affaire. Actuellement il est question soit d' une construction hors norme d' une nouvelle ligne THT, soit d' un doublement de la ligne existante véhiculant déjà 400 000 volts.

Économiquement oubliés pendant des décennies, les habitants du Haut-Vallespir réagissent. Ils sont hostiles à ce projet aux conséquences désastreuses pour leur santé, pour l' économie et l' environnement de l' arrière-pays moribond et pour la surproduction nucléaire engendrée. Ils n' ont jamais cru aux arguments prônés par EDF-RTE à savoir la pénurie de l' Espagne en électricité. Un allié inattendu renforce leurs convictions.Une vague de froid s' est abattue sur l' Europe. Pendant un bon mois la demande en électricité s' est accrue dans tous les pays. A notre connaissance seule la France n' a été en mesure de faire face à ses besoins. Les États européens ont pallié cette indigence. L' Espagne, entre autres, a fourni de l' électricité à la France !

Au-delà de l' incurie, la preuve est faite que, l' argumentation avancée par EDF-RTE est erronée : l' Espagne se suffit en électricité et peut dans les moments de forte consommation en revendre. Le projet EDF-RTE n' a pas de raison d' être économiquement parlant. Il doit être tout bonnement retiré et l argent des contribuables pourra ainsi servir au maintien des services publics, institutions vitales pour l' arrière-pays

L'Espagne a la plus grande centrale solaire d'Europe

L'Espagne s'apprête à démarrer la production du plus grand complexe thermoélectrique d'Europe sur le site de Sanlucar La Mayor

. De quoi redonner des couleurs à la centrale Thémis en Cerdagne.

« Il y a 320 jours de soleil par an en Andalousie », assure le professeur Valeriano Ruiz, directeur du laboratoire de thermodynamique de l'université de Séville, se lamentant de la pluie qui tombe à verse le jour de la visite d'un groupe de journalistes européens sur le site
La première centrale de ce complexe est achevée et devrait être inaugurée prochainement. Sa puissance installée est de 11mgawatts, soit un peu plus que celle de Pocking, en Allemagne, qui avec 10 MW, est pour peu de temps encore la première centrale de production d'énergie solaire européenne.
Mais à Sanlucar La Mayor, il est prévu de construire au total huit centrales pour porter la capacité de complexe à 302 MW d’ici 2010. A terme, cet ensemble sera capable d'approvisionner en électricité 180 000 foyers, l'équivalent d'une ville comme Séville.
Le groupe Abengoa  a investi 35 millions d'euros dans la première centrale et prévoit au total de dépenser 1.3 milliard d'euros pour la totalité du complexe.

Pas d'émission de CO2

Cette première centrale se présente sous la forme d'un vaste champ de près de 70 hectares, planté de 624 miroirs orientables, d'une surface de 121 mètres carrés chacun, fixés sur des piliers de métal, disposés en colimaçon au pied d'une tour dominant la campagne andalouse du haut de ses 115 mètres. Ces miroirs permettent de concentrer las rayons du soleil sur un point focal situé en haut de la tour ou est installée une chaudière, afin d'obtenir une température entre 600°C et 1000°C pour chauffer un fluide et produire de la vapeur qui actionne un système de turbines et d’alternateurs, générant ainsi de l'électricité.
Cette technologie "l'hélio thermo dynamisme" permet un meilleur rendement que la production d'électricité d'origine photovoltaïque (panneaux solaires), assure le professeur Ruiz, spécialiste des énergies renouvelables. C'est la seule capable de fournir une puissance similaire à celle des centrales à énergie fossiles, ajoute-t-il.
Pas besoin de silicium, un élément chimique indispensable pour fabriquer des cellules photovoltaïques mais cher, et pas d’émissions de gaz carbonique (CO2), principal gaz à effet de serre, responsable du réchauffement climatique.

Une énergie devenue rentable

Par contre, il faut de l'espace ( au minimum 2 hectares par MW) et du soleil (1900 KWh/m²/an). Mais le soleil, contrairement au pétrole, est une source d'énergie inépuisable et gratuite, fait valoir le professeur Ruiz. Et la technologie est devenue rentable depuis que le gouvernement espagnol a fait passer une loi pour imposer le prix d’achat du KW/h produit par l’énergie solaire plus cher que celui produit par d’autres moyens, indique-t-il.
« C'est la véritable raison pour laquelle, cela commence à décoller », reconnaît-il.
« Cette centrale est exportable n’importe ou il y a du soleil en abondance, au Maroc, en Algérie, En Egypte », souligne-t-il.
« Dans le sue de la France, c'est possible également » ajoute-t-il, rappelant l’expérience de centrale thermo solaire Thémis de Targassonne, dans les Pyrénées Orientales, qui avait été mené dans les années 80.

(Journal L'Indépendant, édition pays catalan, le 21/10/2006)